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par tout Versailles qu’il n’a aucune part à cette arrestation : c’est une faute de ses agents. — Les agents il est vrai, reçoivent ensuite de lui les félicitations que mérite la parfaite exécution d’un ordre. Le grand Frédéric mentait tout comme Voltaire, mais moins drôlement.

Au retour de Sans-Souci et avant de quitter Potsdam, je vais voir l’église de la garnison. Une petite église froide, sèche, faite pour que des soldats entrent, s’agenouillent, se relèvent, sortent au commandement. Ce n’est point un lieu de prière, plutôt : un symbole de la discipline.

On ouvre une chapelle voûtée, basse, dallée de marbre noir et blanc. Des ampoules électriques jettent une lumière brusque. Il n’y a pas un ornement, rien, que deux cercueils posés à terre : celui de Frédéric-Guillaume, celui de Frédéric II.

Ainsi la mort a-t-elle rapproché ces deux hommes qui se sont tant haïs et tant servis : l’un fournissant les moyens de la gloire, l’autre, rendant la gloire.

Cette tombe ne garde aucun souvenir de Frédéric homme de lettres et bel esprit. L’église toute militaire ignore qu’il écrivit des vers et joua de la flûte. Mais si cette orgueilleuse sobriété ne fait aucune allusion au rimailleur elle parle très haut du grand homme si dur… et si fort.

La gardienne qui montre l’église récite : « Lorsque l’empereur Napoléon vint à Potsdam, il voulut