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potsdam

pas grêler sur le persil ! » Et puis il se lasse. La vocation manquait pour qu’il servît de cible et y trouvât son agrément : « Il faut se consoler, s’il est vrai que les grands aiment les petits dont ils se moquent ; mais aussi, s’ils s’en moquent et ne les aiment point, que faire ? Se moquer d’eux à son tour, tout doucement, et les quitter de même. »

Frédéric taquine et de façon peu royale. Il est entendu qu’il doit défrayer Voltaire de toutes choses. Il donne ordre qu’on rogne sur les quantités de chocolat et de café fournies à son hôte. Voltaire se plaint sans discrétion. Le roi promet de veiller à ce qu’on le satisfasse. Mais point, le café et le chocolat continuent d’être rares, seulement ils sont beaucoup plus mauvais. Voltaire s’agite, proteste. Et Frédéric ravi lui conseille d’appeler la philosophie à son secours. N’avoir point assez de chocolat, et qu’il soit détestable, qu’importe cela à un penseur ! Voltaire juge que cela importe fort, il se venge en chipant des bougies dans les appartements de Potsdam. Ce gamin et ce roi ne pouvaient jouer longtemps qu’ils ne se fissent mal.

Mais Voltaire risque bien d’autres imprudences qu’emprunter des bougies qu’il néglige de rendre ! D’abord il demande qu’on renvoie ce Baculard d’Arnaud, qui devait succéder à sa gloire et même la faire oublier. Frédéric consent — il ne sait pas encore à fond le français de Voltaire. Mais il est