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berlin

maisons ? À Berlin, elles occupent d’immenses quartiers. Nettes, claires, agréables, les ouvriers y trouvent, pour un loyer de 200 à 500 marks, des appartements commodes, aérés, où la famille ne s’entasse pas dans une promiscuité malsaine, où on a l’eau en abondance, le gaz, l’hiver de la chaleur, et où l’été on respire. De grandes rues que l’air balaye coupent les pâtés de maisons. Peu d’endroits donnent un plus vif sentiment de véritable civilisation.

Et puis, alors qu’en France il faut prendre des peines extraordinaires pour décider les locataires à ne pas salir, dégrader, ici chacun met son orgueil à la bonne apparence de toutes choses. Pas de loques trop pittoresques pendues aux fenêtres, pas d’objets hors de leur place ; la plus soigneuse tenue. On ne saurait trop revenir sur la propreté des gens et de la ville. L’instinct de propreté ne va pas sans d’autres vertus : le goût du devoir, de la règle, de la tenue morale. J’ai la meilleure opinion des ouvriers berlinois ; leurs escaliers, leurs carreaux brillants témoignent pour eux.

Je suis entrée dans l’un des petits appartements. Tout y semblait verni, du plancher au plafond. Il y avait des cadres luisants d’or autour des photographies de la famille, des porcelaines décoratives, beaucoup d’objets inutiles, qui disaient l’amour de ces simples gens pour leur logis, et la fierté que ce logis leur inspire. Devant la porte, une troupe d’enfants jouaient. Des enfants propres, sur un trottoir propre…