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un voyage

assez curieux, et intégralement « Jeune Prusse ».

Elles sont faites de certaines substances agglomérées, d’un gris sourd et qui n’égaie pas l’existence. On ne leur voit aucune des arrêtes vives, sèches et si plaisantes de la pierre. La chose agglomérée paraît sablonneuse, a une façon de rondeur molle, et on la croirait friable. Mais point ! Ce plâtras en demi-deuil, figurez-vous, devient sous l’action de l’air, plus dur que le granit et subsistera comme les pyramides égyptiennes ! Au moins entretient-on ici cette vue optimiste. À Berlin on a volontiers, confiance en l’éternelle cohésion des choses agglomérées. Ne nous fatiguons pas la tête à ce sujet : nous verrons bien.

Beaucoup de ces maisons grises sont laides extrêmement. Il en est de problématiques. On ne devine pas ce qu’elles veulent vous suggérer. Il en est encore de très riches, qui ressemblent assez au palais d’un enchanteur toqué. D’autres plus tranquilles, délassent un moment les yeux. Quelques-unes sont presque jolies, mais toutes répandent une tristesse indéfinissable, et leurs lourds ornements bizarres apportent à l’esprit mille images funèbres.

J’en ai vu, – beaucoup il me semble, mais la mémoire quelquefois, multiplie arbitrairement les impressions fortes, — j’en ai vu, donc, chargées de femmes et d’hommes nus. Ce n’était point de ces solides gaillards à gros muscles, dont Puget a laissé la formule, et qui soutiennent des balcons ou se contractent au-dessus des portes. Les déshabillés