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BERLIN


Si on était sagace, on irait directement de Paris à Berlin. Au début d’un voyage, les curiosités fraîches tournent vite en sympathie. Après une longue route, la joie d’échapper à l’étouffement, aux courbatures, aux mille horreurs du wagon rend l’humeur complaisante. Dès l’arrivée, la belle tenue de la capitale prussienne, la circulation facile et bien réglée, l’exquise propreté des rues — si différentes des nôtres sous ce rapport ! — tout cela plairait aussitôt. Et, attendri par quelques fenêtres ourlées de fleurs, on serait prêt à goûter la ville.

Mais quand, un peu ivre d’avoir bu les parfums mouillés dans la forêt de Thuringe, on a passé des jours, des semaines à poursuivre les traces de grands êtres qui vécurent seulement pour la pensée, l’idéal, la gloire spirituelle, eh bien alors, on ne saurait juger Berlin.

Aussi je crains beaucoup de fournir des impressions toutes personnelles, et contraires probablement à la réalité. Je m’en excuse auprès de ceux qui connaissent cette réalité. Ensuite, j’avertis les autres.

La route m’a remplie de mornes pensées. Cette