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déjà une autre les sollicite. Comment parviendrions-nous à reproduire dans notre esprit, et surtout dans notre sensibilité, les impressions du mouvement social, des besoins physiques, de la nécessité matérielle qui ont imposé certaines formes d’architecture, et certains ornements, quelques siècles avant que nous vinssions sur la terre, nous agiter et croire que nous comprenons tout ? Et puis, peut-on s’abstraire du temps où l’on vit, et ne pas fausser les images d’autrefois en les y adaptant ? Peut-on renoncer aux méthodes en usage, aux facilités que vous offre le « progrès » ? Par exemple : les gothiques peignaient leurs plafonds d’un bleu admirable. Et c’était, ce bleu, du lapis broyé en poudre. Nous n’en sommes plus là ! Heureuses gens, nous avons des couleurs chimiques ! Quand il barbouille de son vilain bleu, un mur que la précieuse poudre d’azur a jadis décorée, le restaurateur aime à croire qu’il restitue le passé. Mais non, voyez-vous !

Dieu merci ! il y a autre chose dans la Wartbourg que la chambre de sainte Elizabeth, et la triste salle des fêtes. Il y a une vaste pièce où, pour dire vrai, se rencontre une fresque affligeante et quelques meubles ridicules, mais dont les nobles proportions, la belle cheminée, et surtout des fenêtres ouvertes sur la vallée donnent une impression de grandeur. La salle d’armes aussi, scintillante d’aciers, est arrangée en perfection. Fier endroit où des cuirasses de chefs portent d’émouvantes blessures, et où l’on trouve, chose plus