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poignante poésie de la douleur, rien ne manque à l’image parfaite et pure qu’elle dresse en nous. Pour ceux même qui n’ont pas l’honneur de la connaître, elle est une de ces rares figures vers qui l’esprit se jette aux heures où l’humanité semble trop basse et trop vaniteuse. On songe au grave génie, au travail acharné et fécond, à la ferme volonté qui poursuivent une œuvre magnifique à l’écart des bruits discordants, des agitations creuses, des réclames. Et cette vigoureuse pensée, le mystère qui isole ce travail de la curiosité vulgaire, l’idéal austère, hautain, vers quoi tendent tous ces efforts, émettent un rayonnement qui donne du courage à vivre. Enclose comme en un temple lointain, Mme Curie est une vision qui exalte et fortifie. Qu’elle soit digne de l’Académie, cela ne fait aucun doute ; mais il semble qu’une telle consécration altérerait sa personnalité,