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Au cimetière, le dimanche matin.

Il arrive que la vie bavarde déloge la Grande Silencieuse de son domaine. Par exemple, au Jour des morts — cette kermesse mélancolique — les avenues s’encombrent d’un pieux tumulte. Contents et fiers de se sentir aptes au culte du souvenir, les visiteurs échangent des regards de bienveillance curieuse avec leurs confrères en sentiments durables. On s’intéresse aux couronnes et aux chrysanthèmes du voisin, on les évalue. La visite faite, on s’en retourne, parlant plus haut. Dans la semaine, le calme est encore brisé par les bandes de Cooks qui piétinent devant les tombes illustres. Mais, le dimanche matin, le cimetière se tait dans une merveilleuse paix.

Les passants sont rares ; ils ont l’allure familière de gens que l’habitude conduit. Ils ne sont plus en deuil, cependant ils