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Dans un restaurant, au Bois. Une demoiselle ostentatoire commande son dîner, et aussi celui du monsieur humble et soumis qui aura l’honneur de payer l’addition. Elle est fort élégante, la demoiselle, chargée de bijouterie. Des cheveux pris à d’autres têtes, et telle est leur somptueuse abondance que, en versât-elle le prix entre les mains de M. Poincaré, certes, il pourrait sur l’heure boucler le budget. La demoiselle ordonne les plats d’un ton sans réplique, et l’air de sa figure est profondément sagace. Elle s’y entend ! Depuis la soupe aux choux de sa maman concierge, son impérieuse bouche a connu bien des bisques. Le maître d’hôtel, courbé par la vénération, écoute sa parole, approuve, note. La demoiselle pleine de diamants et de cheveux, c’est la belle image de la grande vie en 1906. Il sait cela, le maître d’hôtel ! La commande achevée voici que la demoiselle ajoute de cette voix sèche, énergique qui convient au trait final « Et pour moi, comme d’habitude,