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Certes, la souffrance est belle, c’est l’eau de pureté où se lavent les âmes, mais il y a dans la souffrance une partie féconde et une partie stérile, il faut encore savoir choisir ! La souffrance féconde, c’est celle qui après une défaite réunit un peuple, le rapproche dans l’ardente volonté de durer ; c’est celle qui, lorsque le cœur crève, inspire l’irrésistible besoin de se donner, d’être utile, d’employer à faire du bonheur pour ses voisins les forces étranges qui surgissent quand on a renoncé à être heureux ; c’est le souci d’autrui que l’on voit à certains malades torturés, c’est le détachement et l’amour. Il y a la possibilité de ces sublimes efforts dans toute souffrance, même dans celle dont les motifs sont les moins nobles. Il y a aussi — c’est l’alliage — des principes de découragement, de haine, et d’affreuses rancœurs, et des désirs de vengeance, et par-dessus tout une mauvaise pitié de soi qui