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Je ne crois pas qu’en aucun temps on ait eu un amour si excessif, et tout ensemble si mal entendu, de soi-même, ni une pareille absence de discipline intérieure, ni un goût plus déterminé pour les faiblesses qui abîment la personnalité. Chacun, penché avec une douloureuse admiration sur ce qu’il a en lui de malade, s’émerveille des détraquements de sa sensibilité et vénère les symptômes de sa propre désorganisation. C’est si doux de s’occuper de soi, d’y penser pitoyablement et sans cesse de se tripoter l’âme !…

Cette manie n’est pas spéciale à quelques jolies dames nerveuses : beaucoup de vilains hommes la partagent, et vous aussi, et moi, et presque tout le monde ! Captifs, enfermés dans l’étroite limite de notre personnage tant chéri, nous