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elle en serait mieux maîtresse, et quelque raison qu’elle eût de souffrir, eh bien oui, elle souffrirait moins.

Il n’y a que les fous qui soient hors d’état d’arrêter et de changer leur pensée. Nous tous, qui ne sommes fous qu’à demi, nous pouvons interrompre la mauvaise image, nous en défaire pour une seconde, et peu à peu pour une heure, la contrarier, lui marchander l’espace, lui en opposer une autre, choisie hors de nous-mêmes, et qui lui soit hostile, qui déplace le terrain où elle a coutume de se déployer, qui l’amoindrisse par son contraste. Nous pourrions nous accoutumer à des exercices analogues à la méditation des religieux, admirable pratique qui, isolant l’homme de ses passions, de ses intérêts, le met à l’abri de lui-même. Voilà le bon vaccin qui, comme l’autre,