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On rencontre parfois dans une gare, une salle de musée, un hôtel, plusieurs Français, — ou plusieurs Allemands, ou plusieurs Italiens, — visiblement étrangers les uns aux autres. Leurs façons, leurs costumes, indiquent assez qu’ils appartiennent à des milieux différents. Ils ont reçu des éducations opposées ; les besognes auxquelles ils s’emploient, leurs préoccupations directrices n’ont rien de commun. Cependant, mainte analogie s’aperçoit entre eux : le style du geste, la manière de s’intéresser. Mille choses les écartent : ils se rejoignent. Leur disparate garde un air de famille, et on devine qu’ils réagiraient de même sous une même excitation. Le regard cordial ou hostile qu’ils échangent en se croisant, révèle le pacte occulte de la race. Leurs âmes portent un uniforme dont seuls les ornements varient.

On voit dans les salons des Anglais liés par le sang, l’amour, l’amitié, les habitudes, les goûts et on leur trouve je ne sais quel air de détachement et de distance. Malgré les opinions, la culture identique, ils restent éloignés. Les plaisanteries en usage dans leur groupe, la familiarité, ne les rapprochent pas. Certains ont des visages superposables, et ne se ressemblent pas beaucoup plus que chacun d’eux ne ressemble au prince indien, qui parfois orne la fête de ses longs yeux vernis, de son subtil masque couleur de thé, et de