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L’orgueil des Anglais n’est pas collectif, comme celui des Allemands par exemple. Il est individuel. L’Allemand, très bien doué de ce que Nietzsche nomme l’instinct de troupeau, se sent plus grand, plus vivant, plus réel, par le fait d’appartenir à une race puissante. L’Anglais juge que son effort, et ce qu’il représente, ajoute quelque chose à la grandeur de son pays. Il a une notion trop précise de sa personne matérielle, pour se dissoudre dans la personne immense et vague de sa nation. L’Angleterre le suit partout : à lui seul, il la manifeste intégralement. L’Allemand veut que ce soit l’idée de la glorieuse Allemagne qui le manifeste.

L’Angleterre s’appelle Black ou Brown pendant que Brown ou Black sont là. Meier souhaiterait que, pensant à l’empire allemand, on trouvât Meier considérable. L’Allemand a de l’orgueil par comparaison, orgueil timide, promptement tourné en agression grossière. L’Anglais ne se compare jamais. Habitué à compter sur soi, à se maîtriser, à se commander, ce pouvoir étroit, mais absolu, lui donne le sens d’autorité, de domination d’où naissent les fiertés irréductibles. Il règne sur son moi, toujours présent à sa pensée ; il est roi en lui-même. — Les rois ne se comparent à personne, naturellement !