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La claustration dans leurs limites infranchissables a fait d’eux, en même temps que les êtres les moins doués pour la sympathie soudaine et la rapide compréhension d’autrui, des psychologues insignes. Taine dit que « la psychologie est indigène en Angleterre ». Sans doute !

Ce n’est pas en étudiant les menteurs masqués de son entourage que l’on parvient à dévoiler l’âme humaine. Quoi de plus vide et de plus mort, que ces ouvrages où un soigneux « historien de la réalité » aligne des faits qui se sont produits, des conversations entendues, et des portraits peints d’après nature ? Le pauvre homme a scrupuleusement copié le masque et noté les mensonges. Les faits mêmes qu’il raconte mentent, car il n’en pouvait connaître les motifs intérieurs, seuls importants. Il nous donnera toujours Othello pour un assassin haineux ; – et jamais Othello n’est un assassin, et il aime chèrement… Pourtant, l’historien du réel avait observé de près. Que ne regardait-il en lui-même ? Il n’a pas le temps. Il est si vif, si fin, si curieux. Tant de choses le sollicitent…

Ni vifs, ni curieux, les Anglais sont en familiarité avec leur âme. Loin de scruter les secrets du passant, de lui supposer des intentions, de décider qu’il est ainsi et qu’il souhaite cela, ils ne remarquent pas toujours si quelqu’un passait là. Est-ce l’examen des habitants du village, qui a fourni aux sœurs Brontë la matière ardente de