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suscitent le besoin d’agir et annoncent le succès — le muscle en état de tonicité, donne toujours un avis optimiste. – Ce courageux Anglais ne discerne pas d’un clair coup d’œil rapide, les obstacles possibles, il ne s’arrête pas à peser son droit. Il voit un but : il va ! Lorsque ensuite, il apercevra ses risques et commencera de les discuter, il sera déjà trop tard. Sa volonté lancée ne reviendra pas en arrière. Elle ne le pourrait ; il a maintenant, pour fortifier sa persistance, le spectacle de son effort, plaisir si vif qu’il prime tout. Le but même perd de son importance ; la joie d’agir occupe le terrain, balaye les raisons de découragement, et toutes les raisons… Il espère nous faire croire que c’est par principe qu’il s’obstine, mais nous savons bien que c’est par volupté…

Il ne s’occupe, ni des intérêts du voisin, ni de ce que son acharnement peut coûter à lui-même, ni de la légitimité de sa poursuite. Sa volonté ne résulte pas de notions abstraites, mais se détermine par des représentations physiques ; fermée comme un instinct, elle n’offre aucun de ces points de moindre résistance par où les énergies trop soumises aux directions incertaines de la pensée peuvent être envahies et vaincues. Il ne veut pas avec son cœur, — le cœur faiblit parfois. Il ne veut pas avec son esprit, — l’esprit se laisse troubler par des arguments. — Il veut avec ses invincibles muscles. Il est dans la citadelle où le doute n’a pas accès.