Page:Bulteau - L ame des Anglais.pdf/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pour appartenir à ce type excellent, il s’agit moins d’avoir des muscles d’une grande puissance que de se faire une certaine représentation des muscles qu’on a, quels qu’ils soient. On est un musculaire, quand d’abord, et avant de s’apercevoir que l’Univers existe, on sent son corps et qu’on prend une satisfaction continue à le constater.



Les gens, nerveux, sont criblés de fenêtres largement ouvertes, par où les impressions extérieures s’introduisent, courent vers les centres, et y jettent des richesses et du désarroi. Ils ont des portes béantes, aussi, et, par là, ils s’élancent, pour se mêler aux choses du dehors, en épouser les contours, se répandre, s’éparpiller — se perdre souvent. Le musculaire est une maison close.

Chaque Anglais est cette maison-là : aussi nous étonnent-ils, nous qui hébergeons si volontiers le passant inconnu, nous, toujours prêts à sortir pour voir ce qui arrive chez le voisin. Ils ne nous étonneraient plus si nous les examinions sans oublier une minute qu’ils sont enfermés dans leurs muscles comme en une forte citadelle, où l’on n’entre pas, dont ils ne peuvent guère s’évader. Nous verrions alors que la plupart de leurs attitudes morales et intellectuelles présentent les signes de ce tempérament créé par la brume