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tion, et on crée les arts qui occupent et satisfont la volonté. Prompt à jouir, à souffrir, à oublier, on entre vite en contact avec ce qui se passe. L’habitude de bien voir, développe la sympathie, car voir parfaitement c’est comprendre, et comprendre, c’est aimer. — On aime tout ; la belle arête d’une corniche de marbre, le ciel nu, une vertu dramatique, un crime pittoresque, l’insecte qui vole… On n’est ni pressé, ni ambitieux, ni avide. Pourquoi le serait-on ? Ne possède-t-on pas assez ce que l’on perçoit entièrement, dans tout son détail, dans toute sa finesse. Qu’ajouterait à la joie, l’idée, trompeuse d’ailleurs, de la possession matérielle ? Presque rien !… Comment souhaiterait-on se démener, s’efforcer, agir, quand on règne, sans bouger, sur des existences nombreuses, que les nerfs fins et vifs tirent une volupté des moindres sensations, que les images extérieures donnent un si riche et rassurant spectacle ; quand l’espace où rien ne se cache est à vous ?

Cette clarté généreuse fait des peuples plus inventifs que sincères, souples artistes, bavards, gais et charmants : des méridionaux…

Dans les climats de brouillard, le mystère traque l’esprit. L’horizon qui, perpétuellement, dissimule quelque chose, irrite la curiosité, tourmente l’inquiétude. On ne regarde pas avec une familiarité distraite le paysage qui, à chaque ins-