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fait froid, un peu parce que les Saxons dominèrent la Grande-Bretagne que les Anglais sont ce qu’ils sont : mais, surtout, c’est parce que dans les plus beaux jours il y a de la brume en Angleterre.

Les climats dont l’atmosphère sèche permet de tout discerner nettement, et jusqu’à une grande distance, produisent la paresse physique. On ne cherche à se rapprocher que pour mieux voir. À quoi bon aller plus près de ce qu’on voit si bien ! Les choses, trop évidentes pour qu’on les méconnaisse, ne suscitent pas l’inquiétude. L’absence d’inquiétude donne le moyen et le culte du loisir : on flâne ! — Immédiatement familiarisé avec les aspects que dévoile sans restrictions la lumière abondante, on s’attache à eux, et on s’en détache avec aisance ; on les chérit et on les ignore alternativement. Ils vous appartiennent, et vous ne leur appartenez pas, puisqu’ils sont sans problèmes. La curiosité s’exerce sur ce qui est proche. Le mystère des êtres tente, on cultive ses passions qui deviennent la grande affaire de la vie. L’esprit s’aiguise et on invente la conversation. L’habitude se perd, ou plutôt on ne la prend jamais, de rechercher le sens intime des objets extérieurs, dont l’apparence est si précise qu’elle suffit à donner du plaisir, et on s’intéresse à leur forme seule : la forme constamment ressentie dans sa rigoureuse vérité, éveille le besoin de l’imita-