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gies indispensables pour satisfaire ces goûts, sont venus naturellement aux Anglais, parce que le froid humide de leur pays les a de tous temps contraints à être chaudement vêtus, bien nourris et bien logés. Cependant des régions aussi froides que l’Angleterre ont produit des énergies et des goûts fort différents. Et s’il fallait que les peuples subissent les rudesses d’un climat hostile pour devenir riches, autoritaires et envahissants, jamais nous n’eussions entendu parler de la Macédoine, de l’Empire romain, de la République vénitienne, ni de beaucoup d’autres choses.

Si forts qu’ils soient, les besoins exclusivement physiques, imposés à une nation par les circonstances du milieu où elle se développe, ne déterminent pas un caractère national.

Dans toutes les contrées, l’être humain a été organisé par deux instincts qui sont — l’un en partie, l’autre totalement — spirituels : la peur et la curiosité.

La peur, manifestation suprême du vouloir vivre, représente la défense physiologique : elle ne représente pas que cela ! L’horreur de la souffrance et de la mort habile toute chair vivante, mais elle est secondaire. Avant de redouter ce qui peut lui faire mal et le tuer, il faut que l’homme ait souffert, vu mourir, et s’en souvienne. Pour reconnaître dans la menace qui se dresse devant lui les probabilités de la douleur et de la destruction, il doit retrouver les exemples d’une occasion