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tibles de magnifiques dévouements sans phrases ; psychologues aigus et peu capables d’apercevoir les mobiles d’autrui ; d’une splendide imagination poétique et d’un étroit sens pratique…

Quand on a bien réfléchi, on se prend à douter qu’il suffise d’être entouré d’eau pour réaliser ce type complexe… Les Corses et les Sardes ressemblent-ils aux Anglais ?…

Certes, l’isolement de la « pierre précieuse enchâssée dans une mer d’argent » n’est pas étranger à la formation mentale des Anglais, mais y joue-t-il le seul, ou même le premier rôle ? Il faut aussi tenir compte de l’action exercée par les peuples divers qui, successivement, envahirent la Grande-Bretagne. Oui, évidemment !… Les Romains qui l’ont occupée pendant plus de trois siècles, n’y ont pas autant qu’ailleurs laissé la trace de leur goût pour les constructions précises de l’esprit. Les barbares Bretons résistèrent au type humain nettement défini et achevé, à la physiologie et à l’idéal trop différents des leurs qui un moment s’imposèrent à eux. Ils résistèrent de même à tous les passants plus ou moins rapides. Jusqu’à l’arrivée des Saxons, nul ne pénètre dans sa profondeur le tuf primitif. Voici les Saxons. À peine ont-ils touché le sol que, malgré tant de luttes, ils y jettent leurs racines, commencent à poser les fondations du caractère anglais et absorbent tout ce qui approche : les pirates, leurs redoutables agresseurs, et les Normands,