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Au bout d’un certain temps, le magicien reparaît, vole la lampe et transporte en Afrique le palais et la princesse. Aladin n’a plus rien ! Si ! Les gens bien trempés ont toujours quelque chose ! La bague, qui l’a sauvé déjà, lui reste. Grâce à elle, il s’envole et rejoint l’endroit où sa femme se lamente.

S’il avait l’esprit philosophique, Aladin, s’arrêtant une minute à examiner son cas, pourrait se dire qu’il n’y a en somme rien d’étonnant à ce que la lampe obtenue par hasard lui soit, par un hasard, reprise. L’incident, bien que désagréable, rentre dans la catégorie des faits naturels et même justes. Aladin n’est pas un philosophe, c’est un homme d’action, et de plus il est solidement persuadé de son droit. Il pense avec force que les Puissances, en fabriquant la lampe, n’avaient en vue que de la lui remettre — ou de la lui laisser prendre — un jour. De tout temps, il n’en doute pas, une volonté supérieure la lui destinait, et à lui seul. Pourquoi ? Parce qu’il est lui simplement, — une telle raison ne suffit-elle pas ? — L’ordre de la Providence étant qu’il possédât la lampe, il sait qu’il obéit à la Providence, lorsqu’il supprime ce qui fait obstacle à cette possession. Le bon Aladin empoisonne l’enchanteur : cela est convenable, moral, et selon les desseins du Ciel. Il remet ensuite princesse et palais à leur place et devient roi, ainsi qu’il devait arriver dans un pays réaliste où le succès implique le mérite.