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ment. Puisqu’il faut mourir, il fait sa prière, et avec une résignation de gentleman s’abandonne à Dieu. En joignant les mains, il touche une bague que le magicien lui avait remise pour qu’elle l’aidât dans son expédition ; à peine l’a-t-il effleurée qu’un génie apparaît, le délivre et le rapporte chez sa mère. La bonne attitude et la piété du jeune garçon reçoivent ainsi leur récompense ; de plus, il reste maître de la lampe, et bientôt il découvre que s’il la frotte, un individu repoussant d’aspect, quoique bénévole, sort du mur et se déclare prêt à exécuter ses ordres.

Aladin, se rendant compte du moyen de domination qui lui est échu, va-t-il se procurer immédiatement une vie splendide et satisfaire mille caprices ? Pas du tout ! Il gardera sa lampe plusieurs années avant d’apercevoir les possibilités sans limites ouvertes devant lui. Il pense lentement. Il constate les faits rapprochés, tangibles, et en tire les conséquences directes ; pour les conséquences lointaines, il n’en a cure, il ne les pressent même pas. Enfin, il est plein d’une antipathie toute anglaise pour les généralisations. La lampe lui sert à se procurer de bons repas, que les génies lui offrent dans des plats d’argent. Il vend les plats, vit des sommes ainsi obtenues, et ne frotte sa lampe que le dernier sou dépensé. Il ne songe à rien de plus.

Cependant le fait de détenir un objet aussi extraordinaire agit sur lui et le moralise. — Nous