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fois, j’y ai reconnu un plus grand nombre d’Anglais…

L’illustrateur du féerique bouquin a bien compris la besogne dont il était chargé. Ses princes asiatiques avec leurs mâchoires volontaires, leurs regards directs et calmes, ressemblent comme des frères aux jeunes gens qui font du sport à Cambridge ; ils sont de la même famille que les gentlemen à cœurs robustes, qui aiment à chasser le tigre, à réussir et à primer. Et les princesses du livre vert ont des visages réguliers, fiers et difficiles à émouvoir, comme les admirables jeunes filles qui lisent dans un canot abrité sous des branches retombantes, l’été, sur la Tamise. J’ai vu galoper à Hyde-Park plus d’une descendante de Parizade, la charmante orgueilleuse, qui, jadis, en Perse, allait, à travers d’affreux dangers, à la recherche de l’eau d’or, de l’oiseau qui parle, et de l’arbre qui chante, parce qu’elle voulait, en y plaçant des curiosités si rares, faire de son palais une demeure à laquelle nulle autre demeure de la terre ne pût être comparée…

Est-ce la lecture des Mille et une Nuits, — ou un instinct pareil à celui des peuples, inventeurs de ces prestigieuses anecdotes, — qui a donné aux Anglais un tel goût pour les récits consacrés à la recherche et à la découverte fortuite d’un trésor ? Dans les Mille et une Nuits, des coffrets bourrés de perles sont enterrés au pied des arbres : on n’est pas transporté dans le nid d’un aigle, qu’on ne s’y