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Le second de mes livres « anglais », c’étaient : les Mille et une Nuits. Mon Dieu, oui ! — Une traduction illustrée, dont je vois encore la reliure verte, semée d’étoiles et de croissants d’or. Les Mille et une Nuits ! Bizarre document pour servir à l’étude de l’âme anglaise ! Pas si bizarre.

Les Mille et une Nuits, même expurgées, arrangées par le traducteur, c’était encore l’Orient. Et les Anglais n’ont-ils rien de commun avec l’Orient ? Leur esprit et certaines parties de leur caractère ne portent-ils pas l’empreinte de la Bible ! Les grands-pères de ceux-là même qui ne la lisent plus, la lisaient. Elle loge au fond de tous. Leurs régions subconscientes en sont saturées. Depuis des siècles, la brûlante imagerie, le despotisme, l’injustice sanctifiée, le frénétique orgueil national de l’Orient, coulent en eux avec leur sang.

Les civilisations orientales n’ont peut-être existé que pour produire l’Angleterre ?… Peut-être… Je n’en suis pas absolument certaine. En tout cas, elles lui ont légué plus de choses encore que nous ne savons, et il n’est pas plus étonnant d’apercevoir, dans des contes d’Orient, des traits qui la rappellent, qu’il n’est étonnant d’apercevoir les traits d’un petit garçon sur la figure de son ancêtre.

J’ai relu souvent The Arabian night’s entertainments qui enchantèrent mon enfance, et chaque