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excuses liminaires

Et Rosamond pleurait. En une minute elle venait de découvrir, pour ne plus l’oublier, que la vérité n’est pas toujours, — n’est presque jamais ! — à l’endroit où elle semblait être ; que souvent une âcre liqueur prête son éclat à un verre commun, que le trop fort désir est un élément d’erreur ; qu’il faudrait, si on était sage, ne pas croire, ni espérer, ni aimer avant de savoir, que du reste on ne parvient à savoir qu’en souffrant, et qu’alors il vaut mieux laisser les vases de rubis scintiller dans leur vitrine, et passer vite, oublier son souhait imprudent, aller faire sa tâche. Apprendre tant de choses d’un seul coup, c’était de quoi pleurer. Rosamond pleurait…

Il existe des historiettes du même ordre, dans la littérature puérile de toutes les nations. Mais ailleurs elles ne sortent pas de leur étroit domaine… J’ai retrouvé Rosamond et son vase pourpre dans bien des œuvres anglaises, graves ou gaies. J’ai retrouvé l’enseignement au bout de l’anecdote, la loi extraite directement du fait voisin, le conseil de se reconstruire à chaque minute d’après un meilleur plan, et aussi l’habitude de considérer les incidents de la vie matérielle, comme des signes et des symboles qui font allusion à la vie morale, et y ramènent par tous les chemins. Cette discipline de l’esprit, Rosamond la proposait intégralement : je l’ai subie sans résister.