et on devine une forêt. Puis encore, le voyageur est trompé par des sensations immédiates : la route poudreuse brûle, et il attribue une fraicheur exquise au moindre creux où pousse quelque verdure. Il prête aux gens qu’il croise sa joie, son souci, et teint tout des couleurs de son âme. Sans cesse il se trompe, le voyageur rapide. Pourtant, c’était bien ainsi ; n’a-t-il pas vu ? Il a cru voir…
Les gens qui cherchent à découvrir les sentiments intimes des peuples étrangers sont comme ce voyageur aux douteuses affirmations. Eux aussi n’apercevant que leur propre individualité dans ce qu’ils regardent, imposent au paysage les nuances de leur sympathie ou de leur répulsion préconçues, et articulent avec certitude d’innocents mensonges et une grande quantité de sottises.
Les jugements des autres sur la nation à laquelle
on appartient étonnent toujours et froissent
souvent… Je me rappelle certain livre de
M. Conan Doyle dont le héros, qui, visiblement,
incarnait le Français type, se montrait à chaque
page brave jusqu’à l’imbécillité et gaffeur jusqu’au
prodige. Ce singulier personnage, qu’était-ce,
sinon le Français vu de loin, en passant, par
un Anglais trop pressé ? Sans doute M. Conan
Doyle n’est aucunement le porte-parole de l’Angleterre
et son ouvrage n’avait pas grande impor-