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21 OCTOBRE 1897

précise. On ne peut donc introduire ce nom, dans la science. D’autant moins qu’il s’agit, sinon d’un véritable roman, tout au moins d’une légende qui fait battre les habitants de l’Atlantide par les rois d’Athènes plusieurs milliers d’années avant la fondation de cette ville. L’Atlantide fut engloutie parce que ses habitants avaient méprisé les Dieux. C’est donc une légende religieuse ; cela doit suffire pour écarter la science, bien qu’il n’y ait pas dans la légende grecque, de femme changée en statue de sel.

Sur la légende on a greffé une question scientifique. C’est embarrasser tout à la fois le folklore et surtout la science. Cette question est celle de la soudure ou réunion de l’Ancien et du Nouveau Continent.

Dès la première ligne de sa brochure L’Atlantide et le Renne, l’auteur parle de deux soudures. L’une partant de l’Écosse passant par les Féroé et l’Islande aboutissant au Groënland. L’autre réunissant l’Amérique du Sud à l’Afrique Australe.

La soudure entre l’Amérique du Sud et l’Afrique Australe n’a jamais existé, du moins pendant le tertiaire et le quaternaire. Pourquoi donc en parler ? La famille si originale, si caractérisée des tatous ou mammifères à carapace est tout à fait spéciale à l’Amérique du Sud, où elle se développe pendant le tertiaire et où elle existe encore exclusivement. La séparation si nette et si tranchée des singes américains à 36 dents et à longue queue prenante, et des singes africains à 32 dents seulement et à queue plus ou moins courte, jamais prenante, caractères qui existent non seulement, chez les animaux vivants, mais encore chez les fossiles, démontre de la manière la plus péremptoire qu’il n’y a pas eu de soudure entre les deux régions.

Quant à la soudure par le nord entre l’Ancien et le Nouveau Continent, elle est bien établie par les relations de flore et de faune. Si ces relations sont une preuve d’ancien contact, l’absence de relation doit être une preuve du contraire, comme je viens de l’exposer, à propos de la soudure entre l’Amérique du Sud et l’Afrique.

La flore anglaise du versant de la Manche a la plus grande analogie avec la flore française, d’une part ; la faune, non seulement du quaternaire actuel, mais aussi celle du quaternaire ancien ou faune paléolithique étant identique, d’autre part, nous forcent à admettre que pendant le paléolithique l’Angleterre a été soudée à la France. Cette soudure s’étendait plus ou moins dans la