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attachée s’allonge plus dans toutes ses parties et le pédoncule devient plus mince.

La prune Victoria est un fruit d’un volume au dessus de la moyenne, rond, ovale, avec un sillon peu marqué. Il est très rouge d’un côté, se fondant en rouge pâle à transparence verte du côté de l’ombre, le tout recouvert d’une légère pruine.

La chair est jaune, juteuse, assez agréablement parfumée, se détachant bien du noyau. Maturité en septembre.

L’arbre est peu vigoureux. Les rameaux minces et flexibles, coudés aux articulations, sont pendants.

Les feuilles des jeunes sujets sont grandes, et très petites sur les arbres adultes et fructifères. Quelques arboriculteurs ont eu le grand tort d’attribuer à cette variété des qualités qu’elle n’a pas, et ils ont causé quelque désappointement à certains amateurs. Ainsi la prune Victoria est un fruit de dessert, mais avant tout il convient pour compote, pruneaux et autres usages culinaires. C’est une variété des plus rustiques, des plus belles, des plus fertiles et des plus utiles, se cultivant en espalier, en contr’espalier, en buisson et en haute tige. L’arbre fructifie sans interruption jusqu’à épuisement complet, si des circonstances éventuelles ou une taille très courte ne font surgir une alternance. La forme en haute tige convient plutôt au jardin qu’au verger, par l’extension relativement restreinte que prend la cime de l’arbre. Dans nos climats humides où l’automne est généralement très pluvieux, cette variété offre la particularité de ne jamais crevasser.

Voilà, croyons-nous, assez de bonnes qualités pour faire de la prune Victoria un fruit à répandre partout. Pas n’était donc besoin de la classer à côté de notre Reine Claude pour la saveur et la consistance de sa chair, ni de la comparer aux prunes Jefferson, Washington ou Coë’s goldendrop pour la vigueur.

Si on louait la poire Catillac comme fruit à couteau, on ne ferait que des mécontents ; donnée pour ce qu’elle est, elle a sa place marquée dans toutes les collections. « Tel brille au second rang qui s’éclipse au premier ! »