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ce nouveau fruit, lui accorda la médaille d’argent, après avoir décidé, conformément à ses statuts, qu’une commission spéciale se rendrait à Wez-Velvain, afin de s’assurer de l’identité du pied mère.

Suivant le désir manifesté par l’obtenteur, cette poire fut dénommée Beurré Degallait.

Étouffé dès sa jeunesse au milieu d’un massif trop compacte, le pied mère que nous avons vu occupant encore la place où il fructifia la première fois, n’a pu acquérir qu’un très faible développement. Ce pied contraste étrangement avec les nombreux exemplaires de cette variété que M.  Degallait nous montra, tant dans son verger, que dans plusieurs jardins de cette localité.

Partout nous avons trouvé cet arbre vigoureux, prenant naturellement un port régulier, pyramidal, les branches bien agencées et ne formant pas diffusion, ainsi que les amateurs peuvent le constater par les magnifiques exemplaires de cette variété, qui se trouvent dans le jardin de l’École d’arboriculture de Tournai, et dont la fertilité excessive attire chaque année les regards de tous les visiteurs.

Le Beurré Degallait présente une particularité qui en fait un fruit de plein vent par excellence : c’est que, aussi violentes que soient les tempêtes de l’équinoxe d’automne, les fruits résistent et ne tombent jamais, ce qui est d’un mérite incalculable pour les régions exposées aux coups de vent : le littoral, les gorges de montagnes, etc. Le jardinier marchand ne cultive pas des arbres à haute tige pour lui-même et pour sa propre jouissance, il les élève pour la vente afin d’en retirer un bénéfice rémunérateur ; il a beau cultiver une excellente poire, si elle tombe aux premiers coups de vent, il n’a rien à vendre et le produit est perdu. Au contraire, l’adhérence du fruit dans le Beurré Degallait est telle que les vents ne parviennent pas à le détacher, et le cultivateur est certain d’avoir une récolte à vendre.

Nous citerons pour exemple l’ouragan qui a exercé ses affreux ravages lors de l’Exposition jubilaire de Tournai en 1869.