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son de l’art italien que les Français franchirent les Alpes ; Charles VIII, Louis XII et François Ier entrainèrent dans la péninsule l’élite de la nation, et tous ces hommes, que les merveilles de la civilisation italienne avaient si vivement impressionnés pendant un demi-siècle, revinrent plus disposés a entrer dans les voies de la renaissance. Nous avions envoyé des soldats contre les Italiens, ils nous envoyèrent des artistes ; et l’occupation qui suivit les conquêtes de ces derniers fut de plus longue durée que celle de nos armes. Il faut, en effet, arriver jusqu’aux premières années du xviiie siècle pour voir les écoles d’art en France se dégager entièrement de l’imitation italienne (2). Mais revenons aux travaux de terre, en constatant qu’en France la céramique résista à l’influence italienne : dès 1494, on trouve des céramistes italiens à Amboise ; la décoration en faïence du château de Madrid, près de Paris, fut commencée en 1528 par Jerolamo della Robbia ; et pourtant il n’est pas prouvé qu’on ait fabriqué chez nous des produits analogues aux majoliques. Il est, en tout cas, certain que, dans les deux célèbres ateliers qui s’établirent en France dans la première moitié du xvie siècle, celui d’Oiron et celui de Saintes, on suivit de tout autres procédés que ceux en usage en Italie.

Vers 1525, une femme distinguée, savante dans les arts du dessin, Hélèue de Hangest, veuve d’Artur Gouffier, ancien gouverneur de François Ier et grand-maître de France, commença à faire fabriquer dans les dépendances de son château d’oiron, près de Thouars, en Poitou, des ouvrages de terre qu’elle destinait a son usage personnel ou à être envoyés en cadeaux. François Charpentier, son secrétaire en même temps que gardien de sa bibliothèque, et un potier nommé Jehan Bernart, les exécutèrent sous l’inspiration de la châtelaine, et probablement d’après ses dessins. Ces poteries fort minces, composées d’une pâte très-alumineuse analogue à la terre de