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Brieuc une lettre intéressante, où la numismatique bretonne était l’objet de curieuses recherches, à partir des pièces romaines trouvées dans la Vilaine lors de sa canalisation, la suivant dans ses monétaires à l’époque mérovingienne, et dans les deniers de ses premiers ducs à l’époque carlovingienne[1].

M. Aussant avait trouvé sa voie, et il la suivit depuis lors avec cette ténacité que les étrangers remarquent quelquefois dans la race bretonne, mais qui est le moyen assuré d’exécution du projet, la seule garantie d’atteindre le résultat poursuivi. Ce qu’il voulait, c’est que tout objet d’art dû au talent d’un artiste breton ne sortit point de la patrie, que tout ce qui était relatif à la Bretagne restât dans le pays, que chaque tableau, chaque sculpture, œuvre de n’importe quel artiste étranger, une fois acquis à la Bretagne, ne s’en séparât plus. L’histoire, l’archéologie et les beaux-arts s’y trouvaient également intéressés, et ce goût de l’amateur, guidé par une appréciation intelligente, le mit bientôt à même de réunir, avec ses seuls moyens personnels, une galerie de tableaux, une collection d’antiquités et de curiosités, et une suite importante de minéraux et de coquilles vivantes ou fossiles.

Quelques années s’étaient à peine écoulées, et ses collections avaient acquis un tel, développement, son expérience rapide s’était montrée sous un tel jour, que lorsque la XVIe session du Congrès scientifique de France vint se tenir à Rennes au mois de septembre 1849, personne mieux que lui ne fut jugé digne de présider tant la Commission d’exposition que la section des beaux-arts du Congrès scientifique. Il prononça le discours d’ouverture du Congrès, où il sut s’élever aux plus hautes considérations sur l’art, ses nobles tendances et les inspirations supérieures qui doivent guider l’artiste vers la

  1. Ass. Bret., classe d’arch., 3e livr., p. 49.