Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée
− 46 −

monter au xiiie siècle. Un vaste rectangle, entouré d’un double talus et d’une large douve, en montre seul l’emplacement ; çà et la apparaissent à fleur de terre les derniers débris des fondations de cette demeure seigneuriale ; des bâtiments de ferme, relativement modernes, occupent une partie de cette enceinte ; un chemin pavé reliait jadis le château a la ville de Maure. Plus bas, au-dessous de la forteresse, on retrouve les ruines de la chapelle de Roz, dont nous parlerons plus loin, et de deux autres sanctuaires, dont l’un passe pour avoir été un temple protestant et l’autre pour avoir été un monument expiatoire voisin du gibet seigneurial. Il est certain que le protestantisme essaya de s’implanter à Maure, car le synode protestant de Ploërmel, tenu en 1562, mentionne les prédications que le huguenot Étienne Layet faisait « en la maison de M. le comte de Maure. » Ce dernier était alors Claude de Maure, oncle du trop fameux Charles du Quellenec, massacré à la Saint-Barthélemy [1].

Le protestantisme ne porta pas bonheur aux sires de Maure, qui disparurent peu d’années après. Lorsque la Ligue se fut formée en Bretagne, un fait d’armes assez éclatant se passa non loin de leur château. Jean d’Avaugour, seigneur de Saint-Laurent, et Gabriel de Montbourcher, seigneur de Trémerreuc, son frère utérin, vaillants capitaines du duc de Mercœur, furent poursuivis et atteints près de Maure par le capitaine huguenot de la Tremblaye ; celui-ci écrasa ses ennemis, qui perdirent trois de leurs chefs, de la Pommeraye, de la Vieuville et Hiregisaint-Laurent lui-même n’échappa qu’a grand peine aux royalistes. Quant à la Tremblaye, il entra vainqueur à Maure, le 24 juillet 1597[2].

Il est probable qu’après la pacification, le château de Maure

  1. Hist. ecclés. de la réforme en Bret.
  2. Hist. de la Ligue en Bret.