sait mieux convenir, pour nous reporter sur la gauche, c'est-à-dire dans une direction qui ne paraît plus être celle de
Rennes. Mais les routes d’une ville à une autre ne sont-elles
pas formées souvent par le croisement de deux routes de
directions différentes ? Ne pourrait-il pas en être ainsi ? Cette
idée a été pour nous un trait de lumière dans l’obscurité :
l’une des routes s'est présentée naturellement à notre esprit,
c’est celle de Condivicnum (Nantes) à Condate (Rennes), qui
passait à Blain, Fougeray, entre Bain et Port-Neuf, et à Laillé,
qui a été remplacée par la route nationale no 137 qui passe à
Bain, et qui laisse Blain, Fougeray et Laillé à sa gauche. Elle
pouvait évidemment fournir la seconde partie de la voie romaine
de Juliomagns à Condate, faisant suite à la première
partie qui, jusqu'à présent, nous est connue seulement depuis
Empiré jusqu’à Châteaubriant, et qui appartiendrait alors à
une voie romaine passant entre Nantes et Rennes et se dirigeant
vers le Nord-Ouest de la Gaule. Elle tendrait ainsi vers
Vorganium (Carhaix) et Gesocribate (Brest), à l’extrémité de
la péninsule armorie aine.
S’il en était ainsi, la route nationale no 163, d’Angers à Rennes, offrirait, à partir de Châteaubriant, une direction bien différente de celle de la voie romaine. L’explication, nous avions besoin de la trouver immédiatement, avant d’attacher de l’importance à notre système. Effectivement, puisqu’une grande route a remplacé la voie romaine de Condivicnum Condate, et qu’elle n’en diffère pas d'une manière notable dans sa seconde moitié du côté de Rennes, pourquoi, de nos jours, celle d'Angers à Rennes s’est-elle, de Châteaubriant, rendue directement à Rennes, au lieu de continuer jusqu’à Bain, où elle aurait rencontré la route nationale no 137 de Nantes à Bennes ? Ce changement de direction, ou plutôt cette amélioration, est résulté d’abord de la force des choses ; la grande voie de Juliomagus à Vorganium a dû cesser d'exister,