Page:Bulletin du comité historique des arts et monuments, volume 1, 1849.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 45 —

II.

Églises de Meillet et de Coulandon, par M. Dubroc de Seganges.

À 8 kilomètres de Souvigny se trouve, près de la forêt de Messarge, une église romane du xiie siècle. Cette église, remarquable surtout par son clocher à deux étages, percé de baies géminées et surmonté d’une flèche, offre dans toutes ses parties des détails curieux à étudier. Au tympan du portail, on voit le Christ bénissant, avec le nimbe crucifère, dans une auréole ouvragée que semblent soutenir deux anges nimbés ; à droite et à gauche, dans des niches romanes, sont dix apôtres, l’artiste n’ayant pas eu probablement assez de place pour faire les deux autres.

1° Le chapiteau[1] fait partie de ce portail. Il représente à gauche un lion jouant du violon, et à droite un âne jouant d’un autre instrument ; le lion tient le violon de la patte gauche et l’archet de la patte droite. Le violon a trois cordes qui (autant que permettent de l’observer les dégradations du temps) semblent attachées à un chevalet ayant quelque rapport avec ceux de nos guitares modernes. Deux ouïes, en forme de demi-cercles, sont pratiquées dans le milieu de la table ; plus bas, deux trous paraissent également percés dans la table d’harmonie. Ce violon a la même forme que celui du chapiteau de Bocherville, forme qui a été constatée dans les manuscrits de la même époque.

L’instrument dont joue l’âne est d’une détermination plus difficile, en ce qu’il n’a d’analogue ni sur le chapiteau de Bocherville, ni dans les autres documents publiés sur cette matière. L’âne pince les cordes du pied gauche et tient du pied droit l’extrémité supérieure de l’instrument. L’instrument se compose d’une caisse sonore dans la forme d’une harpe, avec cinq cordes attachées diagonalement ; dans l’épaisseur de la caisse sonore, sont pratiquées deux ouïes, l’une circulaire, l’autre rectangulaire. Cet instrument diffère de la harpe par sa caisse sonore qui, est pleine, tandis que, dans la harpe, l’intérieur du triangle est vide. On pourrait donc (sauf meilleur avis) le classer parmi les rotes à cordes pincées, telles que les a décrites M. de Coussemaker.

2° Sous l’épais badigeon qui avait été pratiqué sur les parois de l’église de Meillet, on retrouve çà et là des traces de peintures

  1. Voir planche I.