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chasubles, des mitres, des crosses fabriquées dans les xiie, xiiie et xve siècles. La chasuble en soie de saint Regnobert, évêque de Bayeux ; l’étole et le manipule du même saint, tout tissus d’or et de perles ; l’étole de saint Pol, évêque de Léon, dont la broderie représente des chiens et des cavaliers ; la dalmatique de saint Étienne de Muret ; la chasuble et le calice donnés vers le milieu du xiiie siècle, par saint Louis, au bienheureux Thomas Élie, curé de Biville ; les ornements pontificaux de saint Edme, archevêque de Cantorbéry ; la chasuble de saint Rambert ; les insignes et quelques portions du vêtement d’Hervée, évêque de Troyes ; la mitre et la crosse de l’archevêque de Rouen, Jean de Marigny, frère du célèbre Enguerrand ; les précieuses crosses des abbayes du Lys et de Maubuisson, se sont conservés jusqu’à nos jours. Le Bulletin a publié la description de la chape de saint Louis, évêque, et ce travail peut être proposé comme un excellent modèle à suivre pour les monuments du même genre. L’ouverture de plusieurs anciens tombeaux à Jumiéges, à Saint-Claude, à Reims (dans l’église de Saint-Remy), a fourni des étoffes curieuses, comme on en avait trouvé dans les sépultures les plus anciennes de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés. Dans certaines châsses, celle de saint Germain, évêque d’Auxerre, et celle de saint Exupère, évêque de Toulouse, par exemple, les reliques sont encore enveloppées de tissus remarquables, d’une origine très-ancienne, qui paraissent avoir fait partie de vêtements sacerdotaux. Les restes de Charlemagne, à Aix-la-Chapelle, et ceux de l’impératrice Richarde, à Andlau, avaient aussi été déposés dans des voiles de soie historiés, qui se sont retrouvés presque intacts. La cathédrale de Metz se fait gloire de garder religieusement une riche chape, qu’on appelle la chape de Charlemagne, et dont le tissu passe pour un ouvrage du viiie siècle. Une nappe brodée en couleur, dans la première moitié du xie siècle, par Élisabeth, femme de Wifred, comte de Cerdagne, a survécu à la ruine de l’abbaye de Saint-Martin-du-Canigou, dont elle recouvrait autrefois le principal autel.

La plupart des objets anciens en métal qui composaient la décoration des autels sont passés dans les collections particulières ; un ameublement moderne les a remplacés presque partout. Cependant, quelques-uns ont échappé à la profanation : on peut citer les calices superbes du trésor de Notre-Dame de Paris, les châsses magnifiques d’Ambazac, de Mauzac, de Saint-Taurin d’Évreux,