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zèle ordinaires, ferma la bouche et chargea de honte et de confusion ledit P. de Séricourt, qui en fut tout interdit et ne sut que répliquer. Mais après tout, que devoit-on attendre d’un commendataire, et d’un commendataire soldat ?

« Les fenêtres de la croisée sont différentes de celles du rond-point et de la nef, celles-cy étant plus larges et mieux travaillées que celles-là ; ce qui peut dénoter une interruption et discontinuation de travaux, un changement ou des bienfaiteurs, ou d’architectes ou d’ouvriers d’un dessein et d’un goût différent.

« Les anciennes vitres étoient très-belles, peintes, et représentoient plusieurs évêques en habits pontificaux, et autres grands personnages, et au bas de leurs figures leurs noms en gros caractères gothiques, comme il en reste encore quelques-uns au rond-point, et comme on voit ailleurs dans les plus grandes et anciennes églises, selon l’ancien usage ; mais à mesure qu’elles se cassent, on en met des blanches qui rendent l’église plus claire.

« Les chaires du chœur, au nombre de quatorze supérieures et de neuf inférieures de chaque côté, sont d’un dessin et d’un goût gothique, et ont été faites apparemment sous Louis de Bourbon, cardinal de Vendôme, premier abbé commendataire d’Orbaiz, vers l’an mil cinq cens vingt. Ses armes y sont en relief aux dossiers de la première et dernière chaire du côté droit. Il portoit de France, à la bande chargée de trois lionceaux d’argent, qui est de Vendôme, l’écu surmonté du chapeau de cardinal. On rapprocha vers le maitre autel lesdites chaires au mois d’août mil six cens quatre vingt dix-neuf, pour rendre le chœur plus large et réparer les deux maîtres pilliers au bas et derrière lesdites chaires, qui avoient été fort endommagez et sapez par la baze.

« Il y avoit aussi un jubé de bois, de même dessein et de même façon que les chaires, où on chantoit l’épitre et le saint évangile aux messes des fêtes solemnelles ; mais il fut aussi rompu et brisé en morceaux par les pierres de la voûte tombée en 1641 ; il n’a point été rétabli : on voit encore dans les chaires du côté gauche la petite porte pour y monter.

« Après la démission libre et volontaire de cette abbaye faite par Jacques Pouilly de Lançon, abbé commendataire, sur la fin de l’année mil six cens quatre vingt seize, avec l’agrément du Roi, en faveur de Jean Louis Fortia de Montréal, ledit Rd P. dont Pierre Mongé fit réparer ledit rond-point, croisées et chapelles en