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« On voit encore après le chœur une partie de la nef dont la voûte tomba en mil six cens cinquante et un, du temps de Pierre de Séricourt, sieur d’Esclainvilliers, en Picardie, chevalier de Malthe et abbé commendataire d’Orbaiz. La chute de cette voûte fracassa le jubé de bois et les chaires du chœur voisines, et fit écarter le gros mur de ladite nef du côté du midi, ce qui est cause que les deux gros piliers surplombent de plus d’un pied vers les chapiteaux. On se contenta, quelques années après, de faire le lambris ou plafond, qu’on voit encore aujourd’hui, aux dépens de l’abbaye, puisqu’il fallut prendre des chênes dans le bois de la Croupière, qu’on a tout dégradé, quoique l’abbé dût faire ladite réparation, à cause du troisième tiers dont il jouit pour acquitter toutes les charges. Ce lambris coûta, pour la façon seulement, deux cens livres, suivant les quittances de Jean Heullier, charpentier de Mareuil, des sept et dix-huitiesme jours d’octobre 1657 ; et quelque temps après, le R. P. dom Pierre Mongé, a fait réparer les chaires du chœur rompues, sans rétablir le jubé.

« Au mois de may mil sept cent un, pour empêcher la ruine de la nef par la chute du gros mur vers le midi, les religieux firent placer et poser, en travers sur les chapiteaux des quatre pilliers de ladite nef, deux grosses poutres, suivant l’avis des experts nommez dans le procez-verbal fait par le sieur Hervé, conseiller au grand conseil, commissaire député en 1688 ; le 18 août, après une transaction du 3 mars 1687, suivie d’un arrest du 26 août 1687. Dans un autre procez-verbal conservé dans le chartrier, fait au mois de décembre mil cinq cens quatre vingt un par Louis Duras, conseiller audit grand conseil, commissaire député pour visiter les réparations de cette abbaye, après la mort de Nicolas de la Croix, à la requête de Jean du Pillet, son successeur dans cette abbaye, il y est dit qu’il n’y avoit que quelques ouvertures larges de quelques pieds à la voûte de cette partie de nef, lesquelles n’ayant pas été rebouchées et réparées promptement, par les soins de messieurs nos commendataires, elles ont causé la ruine et la chute de cette voûte. Le Rd P. dom Pierre Mongé pressant un jour Pierre de Séricourt de réparer l’église, il lui fit une réponse digne d’un abbé soldat : « Laissons tomber l’église ; nous ne serons plus obligez à l’entretenir ; la chapelle du Saint Esprit suffira pour faire l’office à si peu de moines. » Le Rd P. dom Pierre Mongé releva cette réponse impie avec toute sa force et son