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des pois d’étain d’une forme allongée et d’une certaine élégance, désignés sous le nom de gondoles, de cimaises ou de cimarres.

Le premier de ces mots figure encore aujourd’hui au vocabulaire de la langue française ; le second est commenté dans la plupart des glossaires ; et, dans bon nombre de paroisses du diocèse de Langres, on donne le nom de cimarres à certains vases que possède chaque ménage pour offrir du vin aux cérémonies funèbres.

La mairie de Joinville a conservé les vaisseaux qui servaient jadis à présenter les vins de ville. Ils sont au nombre de quatre, semblables de forme, mais inégaux en capacité. Deux de ces vases ont soixante centimètres, les deux autres quarante-cinq centimètres de hauteur. La capacité des premiers est de six litres ; celle des seconds, de quatre litres seulement. Outre deux anses latérales qui accompagnent le col élancé de chacun d’eux, une troisième anse destinée à les tenir convenablement, comme aussi à les vider avec plus de facilité, s’attache par derrière, à peu de distance du couvercle, et retombe au même niveau que les deux autres.

Sur le devant, un écusson de forme antique, qui s’incline du col à la panse, présente en relief les armoiries de Joinville : d’azur à trois broyes d’or, le chef d’argent chargé d’un lion issant de gueules.

Ces insignes municipaux existaient vraisemblablement dans la plupart des villes de la Haute-Marne. Voici, à cet égard, un document curieux qui se trouve aux archives de Langres.

Sur une pièce portant la date du siècle dernier, et ayant pour titre : Mémoire des marques d’honneur de la magistrature que l’on a coutume de porter chez M. le maire, on lit : « Cejourd’hui neuf septembre mil sept cent dix-sept, madame Boudrot, veuve de deffunct Boudrot, maire, a restitué à MM. de Ville le portrait du roy à présent régnant, avec un cadre doré ; plus quatre gondolles d’argent qui ont esté données à l’hostel de ville par feu monsieur de Channolue, lesquelles gondolles représentent les quatre vins, sçavoir : Vin de singe, vin de lyon, vin de mouton, vin de cochon, armoriées des armes dudit deffunct au fond desdites gondolles, etc… »

La dénomination des quatre vins paraîtra, sans contredit, des