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Des archéologues ont cru reconnaître dans ces vestiges le four d’une fabrique de poterie ; leur opinion s’est principalement basée sur les traces de feu que l’on remarque et sur la présence de petits tuyaux qu’ils supposaient être des cols d’amphores.

Quelques-uns ont pensé que ces galeries souterraines pouvaient être des citernes ou réservoirs, qui recevaient l’eau des régions supérieures pour l’usage des habitations voisines, et que les traces de feu avaient pu être le résultat d’un incendie.

J’ai cru voir dans ces substructions un hypocauste gallo-romain.

Si l’on se rappelle les descriptions de ces sortes de fourneaux, données par Lucien, Sénèque et Ausonius ; si l’on consulte les préceptes que donne Vitruve pour leur construction, on retrouve une analogie frappante avec ces ruines souterraines : elles offrent aussi une identité parfaite avec les deux hypocaustes découverts, l’un à Wroxter (comté de Shrop), l’autre à Hope (6 milles de Chester) ; on ne peut même se former une idée plus exacte des lieux qu’en revoyant le dessin de l’hypocauste des bains Antoniniens, par Palladio, reproduit par Ch. Cameron. Dans cette hypothèse, tous les détails de la construction et la destination de tous les objets retrouvés enfouis me semblent faciles à expliquer.

Les douze arceaux du mur d’enceinte seraient les bouches du fourneau, par où l’on mettait dans l’hypocauste le bois qui servait à l’échauffer.

Les petits tuyaux en terre, parfaitement lisses et unis aux deux bouts, ne peuvent être, ce me semble, confondus avec des cols d’amphores, qui offriraient des fractures à la base ; ils s’enchevêtraient les uns dans les autres, et étaient destinés, ainsi que les briques trouées qui leur servaient d’appui, à établir une communication entre le foyer et les chambres des bains, pour y dispenser les divers degrés de chaleur.

Quant à la galerie qui sépare les quatre fourneaux, il est probable qu’elle servait à faciliter l’extraction des cendres ; on a trouvé à Pompéi de pareilles galeries dans les hypocaustes de plusieurs maisons : c’est aussi la destination que leur attribue Quatremère de Quincy.

Enfin, ce qui fortifie encore plus ma conviction, c’est la découverte faite tout récemment d’une bouche de chaleur en brique et dans un état parfait de conservation. Cette bouche est percée de trous sur trois côtés, et sur le quatrième on remarque de légères