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soin, l’architecte pourra partout, grâce à l’intelligence de nos ouvriers, qui ne demandent que des difficultés à vaincre, faire produire aujourd’hui à cet art ce qu’il produisait autrefois.

57. S’il s’agit de serrurerie appliquée à la menuiserie, à la charpente, l’architecte ne perdra jamais de vue ce principe, qu’aucune partie de la construction ne doit être dissimulée, mais, au contraire, qu’elle doit concourir à l’ornementation. En conséquence, les gros fers, pentures et ferrures de portes, serrures, verroux, équerres, pattes, charnières, clous et boutons, ne sauraient être entaillés et masqués dans l’épaisseur du bois ; ils doivent être apparents, travaillés avec soin, et de manière à indiquer franchement leurs fonctions et usages.

Observations générales sur l’emploi des matériaux.

58. Les divers matériaux employés dans la construction ont des qualités particulières qui leur sont propres ; les procédés en usage pour les mettre en œuvre diffèrent suivant la nature de ces matières mêmes. Il ressort de ce fait un principe dont les architectes anciens ne se sont pas départis, et qui doit servir de guide aujourd’hui à ceux qui sont chargés de réparer nos anciens édifices : c’est que les formes qui conviennent à certains matériaux d’une même nature, comme la pierre par exemple, ne sauraient convenir à d’autres d’une nature différente, comme le bois, et réciproquement. Les formes se modifiant en raison de la nature des matériaux, l’architecte, en reproduisant ou complétant les différentes parties de nos anciens édifices, doit tenir compte, avant tout, de la nature des matériaux qu’il met en œuvre ; ne pas appliquer à des boiseries les formes usitées pour la pierre, à de la brique moulée celles qui conviennent à de grands matériaux taillés au ciseau, à du fer forgé celles que comportent le cuivre ou le fer fondu, etc. etc. Il observera donc ce principe rationnel dans les projets qu’il soumettra à l’Administration, et devra se pénétrer des exemples encore existants des diverses industries anciennes.

Sculptures d’ornement.

59. Les sculptures d’ornement à reproduire seront exécutées le plus possible d’après les fragments anciens eux-mêmes, et, à leur défaut, d’après les estampages ou des dessins modelés.

60. L’ornementation ancienne ne sera remplacée que lorsqu’il sera impossible de la conserver ; ainsi la sculpture fruste ou en-