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surveillés avec soin, leurs joints entretenus constamment. Si des arcs-boutants sont tellement mauvais qu’ils ne puissent être conservés, ils ne sauraient être restaurés en partie ; dans ce cas, il est nécessaire de les cintrer au plus tôt, d’étayer les murs des nefs à la hauteur de la poussée des voûtes et de chaque côté de ces arcs ; puis on les démolira avec soin et sans secousses, et on les reconstruira en entier, depuis leur naissance jusqu’à leur portée, avec un nombre égal de claveaux, et en ayant le soin de ne point poser ces claveaux sur cales, mais bien à bain de mortier épais et en les damant fortement. Il n’est pas besoin de dire que l’ancien appareil de ces arcs devra être reproduit scrupuleusement. La flexion ou le mauvais état d’un arc-boutant entraîne presque toujours la déformation des parties de voûtes ou des piliers correspondants. L’examen des voûtes et piliers intérieurs est donc fort important pour connaître la situation réelle des arcs-boutants, et vice versa.

45. Après l’entretien des arcs-boutants vient celui des bandeaux et corniches formant larmiers. Le bon état de ces parties d’un édifice peut sans inconvénients laisser subsister longtemps des parements dont la surface seule serait détériorée.

Écoulement des eaux pluviales.

46. Jusqu’à la fin du xiie siècle, dans les édifices qui nous sont conservés, les eaux pluviales s’écoulaient simplement par l’égout des combles, sans chéneaux, conduits ni gargouilles. Les inconvénients de ce système, si simple d’ailleurs, se firent bientôt sentir : les eaux, déversées ainsi le long des murs, les imprégnaient d’une humidité qui ne tardait pas à les dégrader, et qui rendait l’intérieur des monuments malsain et froid.

En changeant le style de l’architecture, les constructeurs du xiiie siècle établirent sur tous les édifices des chéneaux qui, conduisant les eaux des couvertures dans des gargouilles saillantes en pierre, les faisaient tomber à une distance assez considérable des murs pour que l’humidité n’y pût pénétrer. Ce procédé resta en usage jusqu’au xviie siècle. Sur la plupart des édifices antérieurs au xiiie, des chéneaux et gargouilles ont été établis pendant les xiiie, xive et xve siècles. Dans ce cas, on devra entretenir et restaurer ces chéneaux et gargouilles suivant le système appartenant à l’époque où ils ont été posés ; mais si, dans certains édifices ro-