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gauche, en s’éloignant de la ligne verticale, a rejeté de côté le pan qui couvrait ce genou, et montré ainsi l’envers de cette partie du vêtement, où les lignes de couture pour fixer la matière du rembourrage se voient aussi bien qu’à l’endroit. Sous cette tunique, le guerrier porte des brassards et des jambières avec genouillères, et ses talons sont munis de très-longs éperons dont l’extrémité est cassée, ce qui empêche de savoir s’ils finissaient en pointe ou s’il y avait une molette. Un hausse-col couvre le haut de la tunique et monte droit jusqu’au menton, qu’il recouvre, différent en cela des hausse-col dont le gorgerin se creusait sous le menton pour s’accommoder à la forme du cou. La tête est couverte d’un domino rembourré comme la tunique, mais dont les lignes de couture sont moins espacées et le rembourrage moins épais. Ce domino descend sous le hausse-col, et il se trouve serré autour du cou par une espèce de cravate dont on aperçoit le bord supérieur. Au haut du front on voit, autour du domino, un bourrelet cordé, peu saillant, et faisant le tour de la tête : est-ce là cette corona linea que Pierre, évêque de Rhodez, par ses constitutions de 1313, défendait aux clercs de porter comme les militaires laïques (Vide Du Cange) ? Est-ce un moyen d’empêcher le heaume de porter directement sur le crâne ? Le comité est plus en mesure que moi de résoudre la question. L’épée de ce guerrier, large et courte, est du genre de celles qu’on appelait bragamarti, braquemart, et suivant l’usage espagnol, la poignée en est munie d’une demi-coquille plate, parallèle à la lame et recouvrant le haut du fourreau : cette poignée est sans garde.

Quel est le personnage que représente cette figure ? J’ai dit qu’une sorte de mystère avait présidé à sa conservation : en effet, elle a été trouvée dans une espèce de niche ogivale de 80 centimètres de largeur sur 60 de profondeur, ayant dû, à une époque primitive, servir de porte de communication entre deux pièces du couvent, au rez-de-chaussée et hors de l’église, porte dont on boucha les deux ouvertures, et qu’en aucun cas on ne peut supposer avoir servi de tombeau, puisque cette pierre tombale était dressée et simplement appliquée contre le mur, sans y être scellée. Quelles ont été les vicissitudes de la vie ou du tombeau de ce personnage, pour que sa représentation, d’abord placée honorablement sur sa sépulture, en ait été arrachée ensuite ignominieusement, à ce qu’il semble, et pour que plus tard, après un séjour