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faitement exécuté ; enfin, les ornements de la page 225, principalement remarquables par le grand degré de finesse avec lequel sont représentés des petits pois et un papillon posé sur une fleur.

Quelque incontestable que soit le mérite de Denis Faucher comme miniaturiste, on s’exposerait cependant à porter une opinion erronée sur l’étendue de son talent, si elle provenait d’une inspection rapidement faite des peintures que son livre renferme, parce que beaucoup d’entre elles sont exécutées à la hâte ou négligemment, et que l’on reconnaît de la sécheresse dans d’autres. Pour se faire une idée exacte du degré de talent de Denis Faucher, il est, à notre avis, très-nécessaire de remarquer que ce travail a été exécuté sous l’empire d’un défaut commun aux amateurs qui entreprennent des labeurs considérables, et dont, par conséquent, la confection entraînerait un long travail ; nous voulons parler de la précipitation avec laquelle ils exécutent. Ils croient, en se hâtant, gagner un temps qu’ils s’imagineraient perdre, s’ils consacraient tous leurs soins à leur œuvre ; ils oublient que cette précipitation donne nécessairement à leur ouvrage un aspect lâché, toujours nuisible à la peinture et à l’artiste. Les nombreuses miniatures qui ornent ce livre, les lettres initiales qui y sont répandues avec abondance, jusqu’à l’écriture du texte, qui est fort soignée, selon l’usage du temps, et, d’autre part, les occupations pieuses et littéraires qui remplissaient la majeure partie des moments de l’auteur, tout cela explique suffisamment la cause de la négligence apportée à la confection d’un grand nombre des peintures. Toutefois, à côté de peintures défectueuses, provenant de la précipitation du pinceau, surgissent de temps à autre des morceaux exécutés avec soin et qui commandent l’estime. Ajoutons que Denis Faucher a montré un rare talent dans la représentation des objets d’ornements qui entourent les sujets historiques peints dans le manuscrit. Ces ornements se recommandent par la fermeté et la finesse du pinceau, ainsi que par l’éclat du coloris. Les oiseaux, les insectes, les fleurs et fruits, sont généralement traités avec une délicatesse de touche peu commune ; les urnes et les vases de toute sorte, que le peintre aimait à y placer, présentent des formes variées et de bon goût. Cette dernière observation, en établissant le talent du miniaturiste, est également utile à l’histoire de l’art, en ce qu’elle sert à prouver que la peinture commençait à s’affranchir du mauvais goût qui l’avait dominée jusqu’alors.