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situé sur le territoire de Mantoue, et prononça ses vœux le 3 mai 1508. Faucher se retira dans l’abbaye de Lérins, dont il fut le réformateur, comme, plus tard, il fut celui de l’abbaye de Saint-Honorat, à Tarascon. Le P. Bougerel donne des détails curieux sur les traverses que lui suscitèrent les religieuses qui étaient l’objet de ses réformes. Faucher cultiva les belles-lettres avec succès, ainsi que la poésie et la peinture en miniature. Il mourut à Lérins, au commencement de l’année 1562. « Il fut enterré, dit le P. Bougerel, à Lérins, dans la chapelle de Saint-Léonard, dédiée aujourd’hui à saint Benoît. On trouve encore dans cette belle solitude bien des peintures de sa façon. Barralis (Lerin. Chronol.) parle surtout d’un livre de prières, écrit de sa main et orné de belles vignettes, légué à son frère. »

Nous devons la communication de ce livre à M. Mercier, curé du Tholonet, territoire d’Aix, lequel en est devenu propriétaire ; nous y avons puisé les documents nécessaires à l’appréciation de ce personnage comme peintre. Parmi les nombreuses miniatures qui entrent dans ce manuscrit, nous citerons, comme peintes avec un vrai talent, le saint Jean de la page 25[1], placé dans un paysage et écrivant son évangile ; la figure du moine, page 72 ; l’annonce aux bergers, page 102, remarquable par le caractère des têtes, la bonté du travail et le fini de la peinture ; la miniature de la page 265, pleine de vérité dans les expressions des têtes, et d’une grande finesse de touche.

Nous signalerons aussi les formes données aux vases de toute espèce qui très-souvent entrent dans la composition des ornements, de même que la fermeté du pinceau. Parmi ces représentations, nous citerons celles qui entourent la miniature du mois d’octobre et des pages 20-77-90 et 265.

Nous désignerons encore, comme peints avec un rare talent, les ornements de la page 90, où l’on voit, entre autres choses, de jolies fleurs et des oiseaux ; ceux de la page 127, dans lesquels se trouvent un oiseau et une libelluline ; les objets entourant la page 152, parmi lesquels on voit une poule et un coq, peints avec une rare délicatesse ; ceux de la page 197, où est un oiseau par-

  1. Nous profitons de la récente pagination faite à ce livre pour désigner les miniatures remarquables que nous y avons découvertes, afin d’en faciliter la recherche, et de laisser la partie du public, qui pourra y avoir recours, juge du degré de foi que l’on doit ajouter à notre opinion.