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II.

Église d’Autry-Issard, par M. Dubroc de Segange.

À 5 kilomètres de Souvigny, à gauche de la route de Saint-Amand, on voit une église, partie du commencement du xiie siècle, partie de l’époque de la transition. Les pilastres composites et cannelés qui caractérisent universellement les monuments bourguignons de cette époque apparaissent au portail et dans l’intérieur.

1° Le tympan du portail, que je reproduis ici (pl. I), est curieux par sa disposition, et aussi parce que le nom du sculpteur s’y trouve inscrit. Dans l’auréole perlée qui se voit au milieu, et qui a été grattée depuis un temps immémorial, sans nul doute apparaissait l’image du Christ, comme elle a été retracée tant de fois dans les xie et xiie siècles. Les anges Micael et Rafael, nimbés, avec leurs noms inscrits dans leur nimbe, soutiennent cette auréole ; puis vient, à droite et à gauche, une suite d’arcatures en plein cintre supportées par des colonnes romanes. Au-dessus de ces arcatures règne un espèce de toit, en damier à gauche, imbriqué à droite. Dans les intervalles où se rencontrent les arcs, on voit de petits monuments de l’époque, la coupole byzantine, les toits des clochers imbriqués du Poitou ; d’autres sont couronnés par des créneaux. Sous les arcs s’ouvrent des espèces de baies terminées par un appendice sphérique difficile à caractériser. À droite, l’appendice sphérique est lui-même augmenté d’un appendice rectangulaire. Toute la composition est dominée par un fronton isolé placé sur le champ du tympan. L’inscription du bas est une preuve incontestable de la présence du Christ dans l’auréole :

CVNCTA DEVS FECI HOMO FACTVS CVNCTA REFECI

À la suite, on lit le nom de l’artiste : NATALIS ME FE… Ce portail paraît dater du commencement du xiie siècle.

2° L’intérieur doit être un peu moins ancien. L’arc brisé apparaît dans les voûtes sur les parois de la nef, dont la décoration est remarquable. Les arcs doubleaux CC de la voûte en ogive viennent s’appuyer sur des pilastres cannelés que supportent des piliers quadrangulaires. Des arcs brisés portant sur le tailloir de la moulure qui sépare le pilastre du pilier, enserrent entre les