Deuxième Année. ―
No 19.
Octobre 1902.
BULLETIN DU COMITÉ
DE
L’ASIE FRANÇAISE
PUBLIÉ MENSUELLEMENT
Adresser toutes les communications relatives à la rédaction au Bulletin du Comité de l’Asie Française,
Paris – 19, rue Bonaparte, 19 – Paris
SOMMAIRE
La presse anglaise et le traité franco-siamois
Un monument au prince Henri d’Orléans
L’abandon des boutriers protégés français, par R. C.
Cheick-Saïd, par G. Pressey-Roland
La Russie et la Mandchourie
Un grand État indigène de l’Inde centrale : Haiderabad, par André Meyreuil
La chasse et les fourrures en Sibérie (3e lettre d’Irkoutsk), par Paul Labbé
Asie Française : Arrivée de M. Beau à Saïgon. — Création d’un poste de secrétaire général. — L’ajournement de l’exposition d’Hanoï. — L’école française d’Extrême-Orient. — Le mouvement commercial de l’Indo-Chine en 1901. — Projet de création des caisses d’épargne du Tonkin. — L’École de médecine indigène. — La remonte au Tonkin. — Le coût de la vie au Tonkin. — Le prix de passage de Hanoï à Haiphong. — La navigabilité du Mékong
Siam : Le commerce étranger en 1901. — La révolte des Chans
Chine : La restitution du chemin de fer du Nord à l’administration chinoise. — La question de l’évacuation de Chang-hai. — La mise en vigueur du nouveau tarif douanier. — Les chemins de fer. — La révolte du Seu-tchouan. — Les relations avec le Japon. — Liou-Koun-Yi
Japon : Les finances et le programme naval. — Relations avec la Russie. — Bicyclettes et automobiles
Asie Russe : Les conséquences du Transsibérien. — La flotte fluviale de l’Asie Russe
Turquie : Les Italiens en Palestine. — Les orthodoxes et les écoles françaises en Turquie. — Le gouvernement du Liban, etc., etc
Arabie : Le port d’Aden ; projet d’agrandissement
Perse : Fin du voyage du chah de Perse
Asie Anglaise : Lord Kitchener et l’armée des Indes. — La population de Ceylan. — La situation de la Malaisie britannique
CARTES
Nouvelle frontière franco-siamoise, d’après le traité franco-siamois
L’Indo-Chine et les biefs du Mékong
Coupe du territoire de Cheick-Said
Carte du territoire de Cheick-Saïd
Le Traité Franco-Siamois
Le traité, signé le 7 octobre par notre ministre
des Affaires étrangères et le ministre du Siam à
Paris, a tout d’abord inspiré un enthousiasme
plus ou moins spontané à la plupart des grands
journaux. A tous ceux qui ont quelque notion
de la question siamoise, il inspirait cependant
des réserves dès la première lecture. Ces réserves
se sont naturellement accentuées à la réflexion.
La froideur des milieux spéciaux, où l’on étudie
les questions coloniales et où l’on se passionne
pour elles, paraît peu à peu gagner le gros de
l’opinion publique. La crainte que nous n’ayons
fait un marché de dupes se généralise. Il est
clair, en effet, que le nouveau traité nous fait
payer au moins à leur valeur les avantages qu’il
nous procure, et cela, sans assurer le moins du
monde l’avènement d’une sorte d’âge d’or dans nos
relations avec le Siam, comme d’aucuns s’en
étaient flattés un peu vite, et comme nous en
avaient assurés les compliments de la presse étrangère.
En dehors de certains avantages qui semblent
surtout des trompe-l’œil et que, nous
venons de le dire, nous avons très largement
payés, le nouveau traité n’a pas en lui-même une
vertu opérante qui réalise les deux desiderata
nécessaires de notre politique à l’égard du Siam :
d’abord nous donner, par un contrôle approprié, la
sécurité voulue dans les parties siamoises du
bassin du Mékong, et, subsidiairement, nous
assurer la part d’influence à laquelle nous pouvons
légitimement prétendre dans la vallée du
Ménam. En présence de ce double objet à
atteindre, il laisse notre politique avec les mêmes
difficultés à résoudre en la mettant peut-être dans
une position inférieure à celle qu’elle occupait
jusqu’ici. La situation qu’il crée exige de notre