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lui-donner d’argent, lui donnait des bons de créance qu’il remploya en achat de biens nationaux dans le Nord de la France et en Belgique. Il eut un fondé de pouvoirs, Claro, qui opéra pour son compte dans ces régions… Pour suivre les opérations de Paulée, il faudra consulter les archives de l’enregistrement françaises et belges qui sont une source capitale, sinon toujours suffisante…

Les conclusions de M. Pirenne confirment l’importance de la révolte agraire en France dans l’histoire de la Révolution : si le paysan français a beaucoup obtenu, c’est qu’il s’est soulevé, qu’il a obligé l’État à lui donner satisfaction ; en Belgique, le paysan n’a pas bougé ; on ne lui a rien donné. Elles montrent aussi que la Révolution a eu une importance économique plus grande qu’on ne le dit ; elle a renouvelé le personnel capitaliste ; elle a permis à des gens ayant l’esprit, d’entreprise de se produire, de devenir capitalistes…

M. le vicomte Terlinden. — Dans deux autres départements, dans les Deux-Nèthes et en Brabant, j’ai pu faire les mêmes constatations que M. Pirenne relativement à la rapidité des inventaires, aux scrupules religieux des paysans, à la condition des acquéreurs… Dans ces régions aussi, des religieux ont acheté et ce sont leurs achats qui expliquent que les Prémontrés ont pu reconstituer leur abbaye dès 1830. Les Prémontrés étaient au XVIIIe siècle en même temps desservants de paroisse. Après le Concordat, ils purent revenir dans leur paroisse, rester en contact, garder l’esprit de corps ; il leur fut facile, après la proclamation de la liberté d’association en 1830, de se reconstituer en corps, de réunir les biens acquis par les membres de leur ordre…

M. H. Hauser. — L’étude des documente belges serait d’autant plus intéressante qu’elle ferait ressortir des différences entre ce qui s’est passé en France et en Belgique. Toutefois les travaux belges pourraient s’inspirer des publications faites en France. On devrait chercher s’il ne serait pas possible de réaliser l’unité de méthode…

M. Ch. Schmidt. — La Commission de l’histoire économique de la Révolution a chargé un historien de dresser un recueil de tous les textes (lois, décrets…) relatifs à la vente des biens nationaux. Ce recueil facilitera le travail des historiens belges…

M. L. Cahen. — Parmi les intermédiaires qui ont acheté des biens pour les étrangers, on a cité Tronchin. Il n’est pas étonnant que des Genevois ou des Hollandais aient pris Tronchin comme intermédiaire ; au cours du xviiie siècle, dans les rapports commerciaux fréquents entre Genève et Amsterdam, la famille Tronchin est souvent citée.

III

COMMUNICATION DE M. J. BOURDON


Les Archives nationales et l’histoire de la Belgique sous le Consulat et l’Empire

I. Origines des institutions administratives et judiciaires. — Si M. P. Poullet, dans un ouvrage qui est un modèle, a décrit ces institutions…, il ne s’est pas proposé d’en déterminer les origines qui intéressent la Belgique autant que la France…

Les réformes de l’an VIII n’ont pas été projetées par le Directoire. Il faut