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très différens. Quant à la continuité dans notre époque des mêmes phénomènes géologiques, M. Boué la déduit de la connexion intime entre les alluvions modernes et les alluvions anciennes, et entre celles ci et les dépôts plus anciens. En envisageant la question sous le point de vue théorique, il nous semble qu’on n’a jamais pu douter que les causes physiques fussent toujours identiques, quant à leur nature, et que si on s’est servi de cette expression un ordre de choses différent, on n’a sans doute voulu parler que de l’intensité des causes et des conditions variées suivant lesquelles elles opéraient. Aujourd’hui que l’on admet les dislocations répétées de l’écorce terrestre comme effets croissans ou décroissans l’état physique du globe, et, par suite de chacune de ces dislocations, des changemens et des produits nouveaux, on a l’explication la plus naturelle des différences que présentent les dépôts anciens et ceux de notre époque.

M. Boué s’appuyant ensuite sur l’autorité au savant critique M. Letronne, montre combien ces chronomètres basés sur de prétendues traditions historiques, sur la marche des alluvions et des attérissemens, sont de peu de valeur pour apprécier l’époque du dernier cataclysme. Il en est sans doute ainsi sous le point de vue historique ; mais aux yeux du géologue qui ne compte pas à quelques siècles près, des recherches telles que celles des Girard et des Prony, basées, non sur la marche des attérissemens littoraux, phénomènes rarement susceptibles de détermination rigoureuse, mais sur celle des alluvions, sont d’un haut intérêt et d’une rigueur suffisante pour remonter à l’origine de notre époque.

Il est probable que parmi ces dépôts variés dont on formait naguère le diluvium, les uns seront reconnus pour le produit des causes violentes qui suivirent immédiatement les divers soulèvemens de la période tertiaire, les autres pour les alluvions régulières des trois ou quatre époques dans lesquelles ou la divise.

M. Élie de Beaumont, dans son mêmoire sur les soulèvemens, avait déjà établi plusieurs synchronisme des dépôts terrestres et des dépôts marins, et constaté leur origine. M. Desnoyers, dans ses observations sur la distribution des mêmes espèces de mammifères, dans tout le cours du bassin de la Loire, depuis les faluns de la Touraine jusqu’aux alluvions anciennes de la Haute-Loire, a constaté que ces dépôts des lacs et des vallées du centre de la France sont contemporains de la seconde époque tertiaire. Sans doute il se présentera rarement une occasion d’établir, avec la même rigueur, la liaison entre des terrains entièrement marins, des dépôts d’embouchures ou d’attérissemens, et enfin des alluvions