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premières objections motivées, sur la théorie en question, ont été formulées par M. Cordier, dans le sein de l’Académie.

La discussion ne tarda pas à s’ouvrir à la Société de géologie, et c’est à notre confrère, M. de Montlosier, que nous en avons, quoi qu’on puisse dire du mot, l’obligation. C’est, en effet, à cette discussion, longue et animée, que nous devons les ouvrages les plus positifs et les plus riches de faits qui depuis long-temps aient éclairé la science des phénomènes volcaniques.

M. de Montlosier ne reconnaît que deux espèces de cratères ; les uns dus à des explosions, les autres dus à l’éjection de matières torréfiées, accompagnées assez généralement de courans de laves.

M. Cordier, dans la même séance, proteste contre la réalité des cratères de soulèvement ; il ne reconnaît que des cratères d’explosion, produits par la seule explosion des gaz ; des cratères dans lesquels l’action des gaz élève de la lave liquide, la projette en fragmens incohérens, et l’amoncelle en cônes, et enfin des cratères qui, formés comme les précédens, ont fini par dégorger de la lave liquide, qui a plus ou moins échancré leur contour.

L’auteur appuya sur la nécessité de bien distinguer les actions locales et de faible intensité, manifestées par les phénomènes volcaniques des causes plus générales auxquelles on doit rapporter les dislocations de l’écorce terrestre.

En réponse, M. de Beaumont présenta dans la même séance une courte analyse du mémoire que M. Dufrénoy et lui venaient de rédiger sur les groupes du Cantal et du Mont-Dore.

1° Le groupe du Cantal présente un cratère de soulèvement ;

2° Les phonolithes de la roche Sanadoire, de la roche Thuilière et de la Malviale forment un centre du relèvement sur lequel viennent s’appuyer les trachytes et les conglomérats ;

3° Le groupe du Mont-Dore présente un cratère de soulèvement ; ces cratères sont plus modernes que l’époque de l’épanchement des basaltes, et sont le résultat d’une commotion souterraine qui eût lieu entre cette époque et celles des volcans à cratère.

La théorie va donc enfin s’appuyer sur des localités bien connues, sur des observations bien précises.

M. Cordier se fondant sur ses souvenirs et ses longues études des montagnes volcaniques de la France centrale, n’admet pas la nécessité de recourir à l’hypothèse du soulèvement pour rendre compte de la forme actuelle du Cantal et du Mont-dore, et n’y voit que des cratères d’éruption démantelés.